Le numéro 16
Transie de froid,
l'année s'achève,
Le soir, la
courtilière attriste sa chanson.
Soudain la brise
fraîche est devenue mordante,
Le voyageur est sans
habit dans la froidure.
La couverte en
brocart? offerte aux berges de la Lo1 ...
Mon compagnon de lit s'est
détourné de moi.
Dans mon gîte esseulé
les longues nuits se suivent,
En rêve ma pensée me
montre son image:
Mon époux se souvient
de notre ancien bonheur,
Daigne monter en char,
me tend la corde d'autrefois;
II voudrait pour
jamais fixer mon beau sourire,
Prendre ma main, et
m'emmener dans sa voiture...
Mais à peine arrivé,
voici
Qu'il quitte de
nouveau la chambre reculée.
Vraiment, sans l'aile
du faucon,
Peut-on prendre son
vol au dos du vent ?
Mes yeux, de-ci dé-là,
quêtent le réconfort,
Le cou tendu, au loin
je cherche à le revoir.
A pas perdus, le cœur
blessé d'amour,
Je baigne de mes
pleurs les battants de la porte.
1 洛浦 :
la couverture déposée au bord de la Lo est offerte à Fou-fei, déesse de la
rivière. Si l’on en croit la tradition, Fou-fei se laissait volontiers
courtiser par les mortels et sa grande beauté hantait les poètes. Bien entendu
ce n’est pas à la déesse elle-même que le mari volage porte ses hommages.
L’épouse ferait allusion, sous ce nom, à la beauté quelconque qui a séduit son
mari.
之十六
凛凛岁云暮,
蝼蛄夕鸣悲。
凉风率已厉,
游子寒无衣。
锦衾遗洛浦,
同袍与我违。
独宿累长夜,
梦想见容辉。
良人惟古欢,
枉驾惠前绥。
愿得常巧笑,
携手同车归。
既来不须臾,
又不处重闱。
亮无晨风翼,
焉能凌风飞?
眄睐以适意,
引领遥相[目希]。
徒倚怀感伤,
垂涕沾双扉。